On vient de me demander de réaliser un papier de macro économie sur un sujet assez austère.
Mon métier, c'est alors de trouver des sources statistiques, ce qui est assez simple. comme c'est pour un magazine, il ne faut pas trop rebuter le lecteur. Comme ça parlait d'échanges extérieurs, c'est typiquement le genre de papier qui commence par raconter une histoire du type "madame machin en vacances à l'autre bout du monde a été très étonnée de voir ses enseignes préférées au coin de la rue. encore un peu et elle se serait crû chez elle". c'est une technique assez basique on crée de la fausse complicité. comme diraient les publicitaires, il faut faire de l'impliquant pour le lecteur.
mais je digresse, je digresse, ce n'est pas de cela que je voulais vous parler mais du choix des experts. En relisant mon article avant de l'envoyer j'ai réalisé que j'avais interviewé deux habitués des médias (et un troisième qui ne l'est pas.. ouf l'honneur est sauf)
Serai je victime du conformisme ? Sûrement, comme tout le monde. Si on interroge des gens connus, c'est d'abord parce que c'est un moyen de se faire bien voir par son rédacteur en chef. Vous n'imaginez pas si vous lui dites "super j'ai une interview de françois fillon" il sera toujours content -enfin là c'est pas sûr, mais vous avez compris l'idée. A l'inverse si vous revenez avec "j'ai l'interview du conseiller général d'un département rural, peu probable qu'il s'enflamme pareillement. et tant pis si le conseiller régional dit des choses mille fois plus intéressantes. il faut du connu..
Autre avantage de la personnalité médiatique : elle connaît par définition les médias. Une amie - qui travaille dans un tout autre domaine - me racontait qu'une star de son secteur recevait les journalistes en disant "alors vous travaillez pour qui ? presse écrite ? radio ? c'est pour une interview ? un article ? ". en fonction des réponses il fournissait un entretien clés en main pour le journaliste. Celui-ci, souvent pressé, pas toujours très bien payé, et cherchant donc le meilleur rapport effort récompense, va de préférence vers ce type d'interviewés. Vous n'imaginez pas ce que c'est d'interviewer une personne non familière des médias. ça peut tourner au cauchermar, surtout quand vous tombez sur un paranoïaque qui veut tout relire vingt trois fois et vous menace d'un procès aux assises - le parano dit souvent n'importe quoi- pour une virgule mal placée dans une citation entre guillemets.. sans parler de nos amis universitaires pour qui le jounaliste est le chainon manquant entre le singe et la poule et qui pour répondre à une question simple vous renvoie aux origines de la pensée grecque. dans ces cas là un sourire vient toujours à mon visage. je me souviens de mes années de doctorat, de mon départ irraisonné de l'université, et je me dis que la vie est drôle car il s'en est fallu de peu que je sois à sa place..
tu aurais pû comme dirait jean grégor.
vendredi 13 juin 2008
samedi 7 juin 2008
Bizarre vous avez dit bizarre
Toujours dans l'introspection sur le métier d'intervieweur. Cette semaine, je suis allé en province (pardon en Région) pour rencontrer un chef d'entreprise. Dans le cas présent, j'étais pris en charge dès mon arrivée à la gare par la directrice du marketing. visite d'un magasin de la société, discours maison asséné sur tous les tons. Le tout avec sympathie mais aussi fermeté.
Puis, re voiture. Direction : le siège social de la société. là encore visite encadrée.. mais avant on m'invite à prendre un café, et, surtout, à poser mon sac dans le bureau du pdg à interviewer.
Dans ces cas là, le bureau est toujours un indicateur de la personnalité. J'ai une phobie du maniaque du rangement. j'aime les bordéliques, ils me font moins peur, que les types (trop) rangés. C'est sûrement un souvenir de mon passé : un boss qui n'avait jamais rien qui trainait sur son bureau. le côté extérieur propre, aucune aspérité.. quand on le connaissait c'était un peu moins nickel : harcèlement soft, pressions en tous genres, colère sur le personnel et j'en passe.
donc pour moi bureau vide = courage fuyons
... sauf que quand on est payé pour interroger le mec, il faut le faire coûte que coûte. donc là ça donne : "courage mon gars, c'est un mauvais quart d'heure à passer" et de me demander déjà pourquoi mais pourquoi ai je accepté de déjeuner avec.. j'imagine le pire.
arrive l'heure de l'interview. le type est charmant, sympathique et ouvert..
pendant le déjeuner ça se confirme. bizarre, vous avez dit bizarre.
il faudra attendre le retour à son bureau, pour connaître le fin de mot de l'histoire. en prévision de ma venue, le brave homme avait tout rangé de peur que je juge mal ce qu'il a appelé "son bazar"...
et voilà comment on peut se faire une fausse image.
le préjugé est le pire ennemi du journaliste. en voici une preuve de plus.
un bureau bien rangé n'appartient pas forcément à un pervers narcissique, dissimulateur et manipulateur.
je m'en souviendrai...
Puis, re voiture. Direction : le siège social de la société. là encore visite encadrée.. mais avant on m'invite à prendre un café, et, surtout, à poser mon sac dans le bureau du pdg à interviewer.
Dans ces cas là, le bureau est toujours un indicateur de la personnalité. J'ai une phobie du maniaque du rangement. j'aime les bordéliques, ils me font moins peur, que les types (trop) rangés. C'est sûrement un souvenir de mon passé : un boss qui n'avait jamais rien qui trainait sur son bureau. le côté extérieur propre, aucune aspérité.. quand on le connaissait c'était un peu moins nickel : harcèlement soft, pressions en tous genres, colère sur le personnel et j'en passe.
donc pour moi bureau vide = courage fuyons
... sauf que quand on est payé pour interroger le mec, il faut le faire coûte que coûte. donc là ça donne : "courage mon gars, c'est un mauvais quart d'heure à passer" et de me demander déjà pourquoi mais pourquoi ai je accepté de déjeuner avec.. j'imagine le pire.
arrive l'heure de l'interview. le type est charmant, sympathique et ouvert..
pendant le déjeuner ça se confirme. bizarre, vous avez dit bizarre.
il faudra attendre le retour à son bureau, pour connaître le fin de mot de l'histoire. en prévision de ma venue, le brave homme avait tout rangé de peur que je juge mal ce qu'il a appelé "son bazar"...
et voilà comment on peut se faire une fausse image.
le préjugé est le pire ennemi du journaliste. en voici une preuve de plus.
un bureau bien rangé n'appartient pas forcément à un pervers narcissique, dissimulateur et manipulateur.
je m'en souviendrai...
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