vendredi 13 juin 2008

Passons en cuisine

On vient de me demander de réaliser un papier de macro économie sur un sujet assez austère.
Mon métier, c'est alors de trouver des sources statistiques, ce qui est assez simple. comme c'est pour un magazine, il ne faut pas trop rebuter le lecteur. Comme ça parlait d'échanges extérieurs, c'est typiquement le genre de papier qui commence par raconter une histoire du type "madame machin en vacances à l'autre bout du monde a été très étonnée de voir ses enseignes préférées au coin de la rue. encore un peu et elle se serait crû chez elle". c'est une technique assez basique on crée de la fausse complicité. comme diraient les publicitaires, il faut faire de l'impliquant pour le lecteur.
mais je digresse, je digresse, ce n'est pas de cela que je voulais vous parler mais du choix des experts. En relisant mon article avant de l'envoyer j'ai réalisé que j'avais interviewé deux habitués des médias (et un troisième qui ne l'est pas.. ouf l'honneur est sauf)
Serai je victime du conformisme ? Sûrement, comme tout le monde. Si on interroge des gens connus, c'est d'abord parce que c'est un moyen de se faire bien voir par son rédacteur en chef. Vous n'imaginez pas si vous lui dites "super j'ai une interview de françois fillon" il sera toujours content -enfin là c'est pas sûr, mais vous avez compris l'idée. A l'inverse si vous revenez avec "j'ai l'interview du conseiller général d'un département rural, peu probable qu'il s'enflamme pareillement. et tant pis si le conseiller régional dit des choses mille fois plus intéressantes. il faut du connu..
Autre avantage de la personnalité médiatique : elle connaît par définition les médias. Une amie - qui travaille dans un tout autre domaine - me racontait qu'une star de son secteur recevait les journalistes en disant "alors vous travaillez pour qui ? presse écrite ? radio ? c'est pour une interview ? un article ? ". en fonction des réponses il fournissait un entretien clés en main pour le journaliste. Celui-ci, souvent pressé, pas toujours très bien payé, et cherchant donc le meilleur rapport effort récompense, va de préférence vers ce type d'interviewés. Vous n'imaginez pas ce que c'est d'interviewer une personne non familière des médias. ça peut tourner au cauchermar, surtout quand vous tombez sur un paranoïaque qui veut tout relire vingt trois fois et vous menace d'un procès aux assises - le parano dit souvent n'importe quoi- pour une virgule mal placée dans une citation entre guillemets.. sans parler de nos amis universitaires pour qui le jounaliste est le chainon manquant entre le singe et la poule et qui pour répondre à une question simple vous renvoie aux origines de la pensée grecque. dans ces cas là un sourire vient toujours à mon visage. je me souviens de mes années de doctorat, de mon départ irraisonné de l'université, et je me dis que la vie est drôle car il s'en est fallu de peu que je sois à sa place..
tu aurais pû comme dirait jean grégor.

2 commentaires:

Pierre Pichère a dit…

j'ai le souvenir d'une journaliste d'une grande chaîne de radio internationale émettant en français et dans plusieurs langues (ceux qui n'ont pas trouvé, révisez vos classiques...) qui expliquait avec une très grande naïveté qu'elle regardait les émissions type C dans l'air avec son agenda à côté d'elle et qu'elle notait tous les experts qu'elle y voyait ainsi que leur champ de compétences. Voilà comment, en travaillant en dehors de ses heures de boulot, on crée des experts médiatiques...

moderateur a dit…

ah oui c'est comme ça que l'historien Jaques M... est devenu économiste ?