samedi 5 novembre 2011

Marianne mélange tout et m'énerve

Chez mon (comme disent les vieux, enfin les personnes âgées) marchand de journaux ce matin, comme tous les samedis, j'hésite à acheter Marianne et comme souvent j'y renonce. A la une du numéro de ce samedi ce titre hallucinant " pour en finir avec la dernière dictature : nos enfants ces sales tyrans".

Quelle confusion dans les mots. Comparer les dictatures politiques, pour certaines responsables de morts, d'abolition des libertés publiques aux petits problèmes de parents débordés par des enfants rois m'a semblé ridicule, erroné et, surtout insultant pour les victimes des dites dictatures.

Certains penseront que je manque d'humour, que ce n'est qu'une image. mais le but d'une image est de produire du sens. le dit
raccourci n'en produit pas, il fabrique l'inverse : de la confusion. celle qui naît quand un même mot désigne des choses différentes. Dès lors, plus aucune discussion n'est possible, puisqu'on ne parle plus le même langage.

Je reste persuadé que le métier de journaliste exige que l'on sache manier précisément la langue française qui est notre matière première. que dirait on d'un ébéniste qui ne connaîtrait pas le bois ? ou d'un ferronnier ignorant tout de l'art du travail du métal ?

Remarques en vrac

D'abord de l'anecdotique.. Ces derniers temps circulent sur Internet une carte diffusée sur CNN à l'occasion du G20, où Cannes est placé en Espagne.. Et les remarques de tout ordre d'y aller. Deux réflexions :
- qui, en France, sait placer précisément sur la carte des Etats Unis les villes de Denver sur une carte ? qui si demain France 2 ou TF1 se présentait réaliserait l'erreur ? Cela fait des années, depuis le lycée que j'entends rabâcher que les Etats Unis sont nuls en géographique par des personnes qui elles mêmes ignorent à peu près tout de la géographie du monde ? Mais bon, dans l'imaginaire l'Américain est lourdaud et ne s'intéresse pas au reste du monde (voir l'excellente caricature des guignols de l'info avec le commandant sylvestre et sa vision caricaturale du monde...)
- en général, l'étape d'après consiste à railler l'inculture américaine. un pays qui a michel sardou, marc lévy et claude lelcouch a sûrement les moyens de donner des leçons au pays de Bob Dylan, carson mc cullers et stanley Kubrick. Il est toujours facile de ne voir que ce qu'on veut voir. car on peut aussi trouver trois génies français et les opposer à trois médiocres faiseurs made in USA
- dernière remarque, et peut être la plus importante : Internet, et plus particulièrement facebook, est en train de nous ramener tous au niveau de la maternelle au mieux, de l'école élémentaire au pire, où dès que quelqu'un se trompe, la masse des nouilles qui ne font rien, se poussent du coude en ricanant : "maîtresse il s'est trompé. il sait pas où est Cannes, oh la honte".
Dans ce genre de comportements, celui qui dénonce est plus ridicule que celui qu'il croît dénoncer.

jeudi 3 novembre 2011

paris les rend fous

J'ai déjà dit ici ce que je pensais des conditions dans lesquelles François Fillon avait choisi d'être candidat à Paris.

Cette fois-ci, c'est un écho lu dans le nouvel observateur qui me fait réagir. Qui lit-on ? Que Bertrand Delanoe qui ne se représentera pas en 2014. Très bien, il l'a toujours dit, et il me semble même qu'il a expliqué qu'il fallait du renouvellement, que deux mandats suffisaient. Sans oublier qu'à l'époque il avait sûrement quelques ambitions présidentielles (comme tout le monde) et qu'il espérait être à l'Elysée en 2014... la suite ne fut pas conforme à ses souhaits secrets.

Là où je coince, c'est que je lis toujours dans le même écho, que monsieur Delanoe a choisi la personne qui doit lui succéder : Madame Anne Hildago. Je n'ai rien pour elle ou contre elle. Mais la méthode est juste hallucinante. D'abord, ce sont les élus municipaux qui élisent le maire de Paris à ma connaissance. certes il y a une tête de liste, qui a toutes les chances de devenir maire. Je n'ai jamais lu que c'est le maire sortant qui choisit son successeur. la mairie de Paris serait elle une sorte de monarchie, avec une principe de succession ?
cela me rappelle alain Juppé le dauphin désigné de Jacques Chirac, le "meilleur d'entre nous" avait il dit. on sait ce que fut la suite de l'Histoire.
Et il y a encore des hommes politiques pour croire qu'ils ont la légitimité pour choisir leur successeur ? mais où vit on ? Et à part moi, ça ne choque personne ?
Comme disait l'autre, Français, encore un effort pour être républicain...

jeudi 20 octobre 2011

pauvre vieille dame riche

Depuis longtemps, j'avais envie d'écrire à propos de Madame Bettencourt, la mère. Cette dame qui semble depuis longtemps plus ou moins bien entourée, était une sorte de trésor (coffre fort) national. La France protège moins ces trésors que le Japon. Pour cette dame, ce fut une vraie malédiction. Tutelle ou curatelle sont là pour protéger des gens faibles et comme toutes personnes âgées, riches ou pas, mais riches aussi et peut être plus que les autres, elle est vulnérable.
Mais que voulez vous, son statut de coffre fort a joué depuis le début contre elle. elle est l'héritière et l'actionnaire de L'oréal, elle a signé un pacte avec Nestlé pour le contrôle du groupe de cosmétiques. Alors on ne joue pas : les intérêts supérieurs de la Nation sont en jeu.

Le dernier épisode de la saga fait qu'on a lu dans certains quotidiens des copies très détaillées du jugement qui décida de la placer en curatelle. J'ai trouvé cela très humiliant pour cette femme. Au nom de quel droit le secret médical est il ainsi violé ? De quel droit expose t on ses faiblesses ? une octogénaire aussi riche soit elle n'a t elle pas le droit à une vie privée et à une vieillesse tranquille et protégée d'investigations qui portent atteinte à sa dignité, et donc à la nôtre ?

dimanche 16 octobre 2011

hollande aubry ou 1981 versus 1988 en oubliant 1984

Alors que tout le monde attend le score des primaires, revenons sur les deux candidats qui, même s'ils sont issus du même parti et ont adhéré au même projet, s'opposent depuis des semaines. Les commentateurs auront disséqué à l'envie l'ironie de la situation où la fille biologique et le fils spirituel de Jacques Delors se seront retrouvés face à face, devant les électeurs de gauche.
c'est d'une autre paternité que j'ai envie de parler : ce sont aussi les deux enfants de François Mitterrand, l'un et l'autre ont connu l'ivresse de mai 1981, lui à l'élysée, elle au cabinet de Jean Auroux, l'un et l'autre ont un ancrage local à peu près équivalent au mien en Sarthe orientale, l'un et l'autre sont des figures de la politique née dans les années 1980.
Pour ces primaires, l'originalité est que l'un et l'autre semble avoir suivi les leçons de celui qui croyait aux forces de l'esprit pour continuer à nous parler en matière de conquête de pouvoir. Martine Aubry, c'est Mitterrand version 1981, encore un peu et l'ex DRH de Pechinay nous expliquera que le profit c'est mal. François Hollande, c'est Mitterrand version 1988, la France unie et l'ouverture aux centristes, la France rassemblée et le ni ni. Ecoutez le bien dans les débats, il est toujours le plus rassembleur, celui qui ne fera pas peur aux centristes.
On sait comment finirent le premier septennat,avec le tournant dit de la rigueur de 1984, le choix de rester coûte que coûte dans ce qu'on appelait alors le Système monétaire européen, puis le lancement de l'acte unique et la construction fédérale de la CEE, sans oublier les lois bancaires de 1984, puis la fin de l'encadrement du crédit en 1985. A l'heure où les socialistes se peignent en champion des opposants au pouvoir des marchés et des banques, il est toujours opportun de rappeler que ce sont ces mêmes gouvernements socialistes qui donnèrent aux dits marchés les clés de la politique monétaire (peut être à raison d'ailleurs). Ils ont l'air tellement de l'avoir oublié.
Donc 1981 contre 1988 en oubliant 1984, ses leçons et son incidence sur la doctrine socialiste. Aucun doute qu'une victoire façon 1981 se terminera avec la même gueule de bois, et qu'une victoire façon 1988, avec promesse d'immobilisme et de rassemblement autour du plus petit commun dénominateur (obligé par nos institutions) n'est pas à la hauteur des défis qui attendent la France et l'Europe.
Camarades, un peu d'imagination pour inventer 2012 !

samedi 15 octobre 2011

primaires primaires

Tous les éditorialistes l'affirment : les primaires sont un succès. c'est amusant les mêmes citaient à l'envie il y a peu l'exemple italien, où la primaire après avoir abouti à la victoire de la gauche n'empêchèrent pas l'arrivée et le maintien au pouvoir de Berlusconi.
Pour ma part, je n'aime pas ses primaires, et je crois qu'au fond elles ne m'ont jamais plu, car elles s'achèvent comme il se doit : par une sorte de concours de beauté, quelque part entre Miss France et la nouvelle star. et cela pour une raison simple : le programme a déjà été approuvé par les instances du PS. Autrement dit, la tournure prise par le débat ces jours ci était fatal. les candidats partagent le même projet. Que leur reste t il pour s'opposer ? le style ? la manière de parler ? la mollesse ou la mauvaise humeur ? A cet égard, la fréquentation des facebooks militants est édifiante. on se croirait dans les tribunes d'un match de foot. ce n'est pas là qu'Internet contribue à rénover la politique.

ces primaires révèlent une façon très peu intéressante de faire de la politique, où l'image l'emporte. Thomas Snegaroff explique très bien ici (http://www.youtube.com/watch?v=I2lLvXKNCCk) comment les primaires aux Etats Unis sont beaucoup plus déterminantes, car, actuellement, le choix du candidat républicain est aussi le choix d'un programme entre membres du tea party, républicains classiques et autres tenants d'une Amérique des pionniers.
La primaire n'a de sens que si elle est le moment où est choisi aussi le programme.

fillon : un pari(s) peu risqué

Mes confrères journalistes politiques sont unanimes : François Fillon sera candidat à Paris aux législatives, l'an prochain, avec, en ligne de mire, les municipales et l'élection présidentielle de 2017. Soit. Très bien. Ses électeurs sarthois seront ravis d'apprendre qu'ils sont bien gentils, qu'ils ont été bien utiles pour son ascension. Si Paris valait bien autrefois une messe, il vaut bien aujourd'hui qu'on laisse en rade un ancarge local auquel disait-on il était très attaché. Que n'a t on lu de portrait d'un premier ministre provincial opposé à un président neuilléen ?
Ce que je trouve le plus culotté dans la décision de François Fillon, s'il est confirmée, c'est la circonscription qu'il aurait choisie, regroupant le 7e 6e et 5e, celle que vise aussi Rachida Dati. Choisir une circonscription où même une brouette avec une étiquette UMP peut être élu (la preuve édouard frédéric dupont plus qu'octogénaire y était réélu) manque cruellement de panache. L'arrivée de Monsieur Fillon serait autrement plus acceptable s'il se choisissait une circonscription avec un enjeu, un lieu d'atterrissage où sa personnalité pourrait faire la différence. Il montrerait aussi son envie d'en débattre. au lieu de quoi, il entend arriver sans prendre aucun risque et sans même aider son camp.
Vous, je ne sais pas, mais cette façon de faire de la politique me semble terriblement datée.