L’an dernier a paru un livre que je voulais lire (ça tombe bien pour un livre) et puis la vie… pas besoin de faire un dessin. Il y a ce qu’on voudrait faire et ce qu’on fait. Il n’en reste pas moins que le titre - Qui dit je en nous ? de Claude Arnaud - me plaisait beaucoup, comme L’avenir dure longtemps d’Althusser… Quand un titre est aussi génial on a toujours peur de ne pas trouer un livre à la hauteur.
Par le plus grand des hasards, je viens de lire deux fictions parues aux éditions verticales qui font écho à ce titre. Ce n’est sûrement pas un hasard, tant verticales n’est pas une maison de hasard mais un lieu où la pensée est.. pensée et la littérature considérée.
A ma gauche Ma solitude s’appelle brando d’Arno Bertina ; à ma gauche La parenthèse espagnole de Sylvie Gracia. A l’écriture fragmentée de l’un (arno bertina) répond le chœur à une voix de l’autre (sylvie gracia).
Bertina fait le portrait d’un vieil oncle par touches, montrant très bien comment le portrait d’une personne particulière n’est pas séparable de celui d’un groupe, en l’espèce sa famille. Comment il ne saurait y avoir d’oncle rebelle sans la famille bourgeoise, comment l’un et l’autre sont l’envers et l’avers de la même pièce (du théâtre de nos identités ?). ..
Sylvie Gracia choisit le monologue ou le récit d’un homme. Un texte écrit à la première personne. Au fil des pages, pourtant, le Je n’est plus. Il n'est que dans la mesure où il est charnière. Il est son grand père et son amour de jeunesse, il est les républicains espagnols transmis de la mémoire familiale et le père d’adolescentes. Le Je qui écrit au présent est-il encore celui qui vivait hier.
Je me souviens alors de mes études d’économie. On y étudiait les deux grands paradigmes des sciences humaines l’individualisme versus le holisme. Pour faire vite, d’un côté la théorie libérale qui ne reconnaît que des individus , de l’autre les approches à la marx où l’on étudie les grands mouvements de l’Histoire, où l’individu n’a pas d’autre place que celle assignée par des mécaniques qui le déplacent (c’est un lapsus mais il est beau, je le laisse, je voulais écrire dépassent). Macro contre micro, partie contre le tout…
Ce que ces deux récits démontrent finalement :
- c’est qu’il n’y a pas de je sans un nous (Bertina).
- Quand j’écris moi, je parle toujours d’un nous (gracia)
Rimbaud disait Je est un autre
Gracia et Bertina lui répondent avec grand talent : Je est un Nous.
Et vous ?
lundi 9 février 2009
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