mardi 4 novembre 2008
france culture, vraiment ??
Ce matin les matins de france culture sont en direct de New York. Est ce une raison suffisante pour supprimer les enjeux internationaux, l'austère mais excellente émission quotidienne ? Attend t on de france culture de succomber à l'analyse à chaud, à la folie du "je suis à new york donc j'ai de bonnes infos" ? Ou n'es-t-on pas en droit d'attendre de la plus exigeante des radios qu'elle soit différente et propose de prendre de la distance quand toutes les radios répètent en boucle la même chose ?
On a quand même eu le droit à cette remarque merveilleuse d'ali badou : "quand on entend barack obama parler on a du mal à imaginer qu'il est avocat, un technicien du droit alors qu'il avait des intonations de prêcheur"..
c'est vrai quand on entendait françois mitterrand qui était aussi un technicien de droit, on ne savait pas que les juristes sont des grands orateurs... et qu'entre l'éloquence de la plaidoirie e tcelle de la chaire il y a des points communs.
C'est bien gentil de faire le beau sur canal plus, mais il faut travailler ses questions aussi
Sinon la photo c'est l'Atlantique, du côté du bassin d'Arcachon ! si on continue tout droit en nageant on arrive à new york !
dimanche 2 novembre 2008
je suis navré pour les sympathiques auteurs
de ce blog mais il se trouve que c'est eux que je viens de lire.. et comme je les trouve très bon par aileurs, je me permets d'être sentencieux sur un point qui me chiffonne :
http://www.lescinqcontinents.com/infos/index.php?2008/10/09/185-la-traversee-du-mozambique-par-temps-calme-de-patrice-pluyette-le-seuil-2008
le problème est pour moi au dernier paragraphe... on explique que l'auteur a écrit un roman d'aventures mais qu'il subvertit le genre. il me semble que dans les bons romans d'aventure, l'auteur utilise toujours les aventures pour raconter autre chose.. de don quichotte à jaques le fataliste et son maitre en passant par stevenson
Patrice Pluyette a donc écrit un très bon roman d'aventures c'est pas mal. il n'a pas subverti un genre qui ne lui a rien demandé. voilà, je remets sur off mon mode bougon..
crise financière et presse
PLus j'entends (à la radio) des informations sur "comment les français vivent la crise économique qui est super dur et que c'est la plus grave du monde et que même on n'en a jamais vu de comme ça... je me demande comment un français interrogé dans la rue pourrait oser répondre ça va je suis pas inquiet avec le lavage de cerveau qu'il subit" plus je repense à cette histoire que mon frère me racontait quand j'étais petit.
C'est un trappeur qui s'installe dans une forêt. l'hiver approche et il doit couper du bois pour se affronter le frimas.
Il coupe pas mal d'arbre Ne sachant s'il en a assez ou pas, il va voir le chef indien, comptant sur sa sagesse ancestrale. Le chef indien lui répond : hiver sera rude
Le type recoupe du bois et au bout d'une semaine de travail il retrourne voir le chef indien qui lui dit : l'hiver sera très rude
Le type recoupe du bois et au bout d'une semaine de travail il retrourne voir le chef indien qui lui dit : l'hiver sera très très rude
le type retroune couper du bois pendant quinze jours il veut être prêt à faire face à toutes les éventualités. il va voir le chef indien qui le voyant arriver lui annonce : l'hiver sera très froid. jamais vu hiver froid comme ça ici
Et le mec coupe coupe coupe des arbres on ne l'arrête plus.
et il retourne le chef indien qui lui dit : dieu être en colère nous avoir hiver plus froid depuis toujours
le trappeur commence à se demander si l'indien ne se moque pas de lui et lui demande : mais comment faites vous pour savoir si l'hiver sera rude ? vos prévisions vous en êtes sur
Et l'indien lui répond : nous avons un proverbe, nous les indiens : "quand l'homme blanc coupe beaucoup bois cela veut dire hiver sera très rude"
Replacez par Les médias : l'indien. les français : le trappeur. ou l'inverse.. ça marche aussi
jouer comme ses mains
longtemps pour dire d'un acteur ou d'un musicien qu'il est nul on prétend qu'il joue comme un pied ce qui avouons le n'est guère aimable pour ces deux extrémités de notre anatomie qui doivent nous supporter toute la journée.
après avoir vu yolande moreau dans séraphine, on dira jouer comme ses mains pour signifier le talent d'un acteur. Deux mots sur l'histoire : séraphine est un de ces peintres bruts, du genre qui n'ont jamais rien appris dans un cours aux beaux arts ou ailleurs mais qui ont peint dans leur coin et qu'un jour un collectionneur découvre. le plus connu d'entre eux est le douanier rousseau. séraphine vivait à senlis elle était bonne à tout faire. et elle faisait vraiment tout puisque le soir venu elle faisait des tableaux fabriquant ses couleurs avec les moyens du bord dont je laisserai la surprise de la découverte à ceux qui iront voir le film.
ce qui est sublime ce sont les gestes de yolande moreau la bonne. on voit là une femme de peu effectuer les gestes du quotidien avec minutie et précision, qualités que l'on retrouve quand le soir venue à la lumière d'une chandelle elle peint cette nature (magnifiques scènes tournées dans la campagne). Et l'évidence apparaît : ces métiers longtemps méprisés de bonne, ce personnel qui avait à vois avec les entrailles peu ragoutantes des maisons bourgeoises exerçaient un véritable art. Il faut voir les gestes précis de séraphine couper un poulet, changer un lit, laver le linge ou desservir une table...
avec le film de depardon (la vie moderne), séraphine redonne à ceux qu'on a tellement méprisés qu'ils ont fini par s'oublier, la noblesse de leurs façons. je pense à vous que j'ai connu et que j'aime.
après avoir vu yolande moreau dans séraphine, on dira jouer comme ses mains pour signifier le talent d'un acteur. Deux mots sur l'histoire : séraphine est un de ces peintres bruts, du genre qui n'ont jamais rien appris dans un cours aux beaux arts ou ailleurs mais qui ont peint dans leur coin et qu'un jour un collectionneur découvre. le plus connu d'entre eux est le douanier rousseau. séraphine vivait à senlis elle était bonne à tout faire. et elle faisait vraiment tout puisque le soir venu elle faisait des tableaux fabriquant ses couleurs avec les moyens du bord dont je laisserai la surprise de la découverte à ceux qui iront voir le film.
ce qui est sublime ce sont les gestes de yolande moreau la bonne. on voit là une femme de peu effectuer les gestes du quotidien avec minutie et précision, qualités que l'on retrouve quand le soir venue à la lumière d'une chandelle elle peint cette nature (magnifiques scènes tournées dans la campagne). Et l'évidence apparaît : ces métiers longtemps méprisés de bonne, ce personnel qui avait à vois avec les entrailles peu ragoutantes des maisons bourgeoises exerçaient un véritable art. Il faut voir les gestes précis de séraphine couper un poulet, changer un lit, laver le linge ou desservir une table...
avec le film de depardon (la vie moderne), séraphine redonne à ceux qu'on a tellement méprisés qu'ils ont fini par s'oublier, la noblesse de leurs façons. je pense à vous que j'ai connu et que j'aime.
samedi 25 octobre 2008
rectificatif
contrairement à ce que j'ai affirmé dans mon billet sur les déferlantes, le livre n'a pas été boudé lors de sa sortie, me dit on du côté des éditions du rouergue.
dont acte. pardon pour cette erreur
sur internet c'est très facile de corriger une erreur, on change le texte. pour ma part je préfère le rectificatif.
dont acte. pardon pour cette erreur
sur internet c'est très facile de corriger une erreur, on change le texte. pour ma part je préfère le rectificatif.
vendredi 3 octobre 2008
Du numérique à l'analogie
La crise fait rage. et je m'étonne de lire partout des pages et des pages faisant référence à la crise de 1929. Pourquoi y'a-t-il partout ces interrogations ? le grand krach a sûrement marqué les imaginations, ne serait-ce par les livres de steinbeck qu'ont lu bien des adolescents. Il n'empêche : l'explication semble bien courte.
tout le monde sait pourtant que comparaison n'est pas raison. et que rien du système économique actuel n'est comparable avec celui qui existait il y a bientôt un siècle. Une seule différence qui change tout : le temps que mettait les informations. On critique souvent les décisions en temps réel. Or, en l'espèce, je suis certain que cette rapidité de circuit de l'information participe de la réaction des uns et des autres et qu'elle évite des bêtises. j'ai beaucoup de mal à imaginer comment pouvaient décider les gouvernements quand les informations en provenance de wall street mettaient plusieurs heures.
Si l'analogie est mobilisé en permanence, c'est qu'elle permet d'éviter d'expliquer ce qui se passe aujourd'hui, parce qu'on ne comprend rien parce que bien des journalistes ne comprenent rien à l'économie, notamment dans les média généralistes.
Hier l'Insse présentait ses chiffres. le journaliste d'un grand quotidien qui titrait sur ces résultats a posé une question de débutant... Après que le responsable de l'institut de conjoncture a tenté de lui expliquer en vain, le dit journaliste s'est retourné vers moi et m'a dit le plus sérieusement du monde (si c'était de l'humour c'était bien fait) : "de toute façon je ne comprends rien à la macro économie".
vous je ne sais pas mais moi ça me fait peur.
tout le monde sait pourtant que comparaison n'est pas raison. et que rien du système économique actuel n'est comparable avec celui qui existait il y a bientôt un siècle. Une seule différence qui change tout : le temps que mettait les informations. On critique souvent les décisions en temps réel. Or, en l'espèce, je suis certain que cette rapidité de circuit de l'information participe de la réaction des uns et des autres et qu'elle évite des bêtises. j'ai beaucoup de mal à imaginer comment pouvaient décider les gouvernements quand les informations en provenance de wall street mettaient plusieurs heures.
Si l'analogie est mobilisé en permanence, c'est qu'elle permet d'éviter d'expliquer ce qui se passe aujourd'hui, parce qu'on ne comprend rien parce que bien des journalistes ne comprenent rien à l'économie, notamment dans les média généralistes.
Hier l'Insse présentait ses chiffres. le journaliste d'un grand quotidien qui titrait sur ces résultats a posé une question de débutant... Après que le responsable de l'institut de conjoncture a tenté de lui expliquer en vain, le dit journaliste s'est retourné vers moi et m'a dit le plus sérieusement du monde (si c'était de l'humour c'était bien fait) : "de toute façon je ne comprends rien à la macro économie".
vous je ne sais pas mais moi ça me fait peur.
vendredi 29 août 2008
Rentrée : une raison d'être heureux
cet été a été marqué par une excellente nouvelle : le succès des déferlantes de claudie gallay. Paru en mars, il n'y a pas eu grand monde pour en parler dans la presse. il devait y avoir un nouveau beigbeider à chroniquer, à moins que ce ne soit un roman d'académicien journaliste directeur de collection critique en vue et producteur de télé qui avait décidé de faire abattre quelques arbres en vain.
Ainsi vont les choses. Et puis Claudie Gallay est arrivée. POur tout dire, j'ai hésité, tourné autour, hésité encore. j'avais peur du livre trop quelque chose. Trop triste, trop compliqué, trop ou pas assez. je ne sais pas pourquoi je n'arrivais pas à me décider.
Et puis je me suis lancé et je n'ai pas regretté. C'est le plus beau livre de l'année je crois. A mesure que je tournais les pages, une évidence s'imposait : "la vérité c'est le style", oui la vérité c'est le style.. et du style C. Gallay en a. Ceux qui aiment les histoires en trouveront une, mêlant secret de famille et vie d'un village, douleurs humaines. Les déferlantes c'est le nom qu'on donne aux vagues qui s'abattent du côté de Cherbourg. C'est quand même un livre où l'on voit un mort ressuciter et je n'en dirai pas plus.
L'histoire magnifiquement construite - un auteur qui donne du temps aux sentiments de naître et de se développer - a quelque chose des histoires de Pagnol. Le décor change et rien n'est plus pareil. Enfin un livre qui ne confond pas sentiments forts et hystérie. un livre qui sait être doux et dur. Un livre qui chante la beauté du monde et sa cruauté, l'un allant avec l'autre.
Dans les déferlantes, un sculpteur s'enferme dans son atelier pour représenter des figures de la douleur humaine, les subsumant. Claudie Gallay est incontestablement sa soeur : c'est une alchimiste qui transforme la pâte noire de nos peines les plus violentes, les séparations définitives qui nous arrachent un bout de nous en ode à l'amour toujours possible...
Et si vous voulez comprendre ce que je veux dire quand j'écris "la vérité c'est le style", ne me demandez-pas, lisez-le !
Ainsi vont les choses. Et puis Claudie Gallay est arrivée. POur tout dire, j'ai hésité, tourné autour, hésité encore. j'avais peur du livre trop quelque chose. Trop triste, trop compliqué, trop ou pas assez. je ne sais pas pourquoi je n'arrivais pas à me décider.
Et puis je me suis lancé et je n'ai pas regretté. C'est le plus beau livre de l'année je crois. A mesure que je tournais les pages, une évidence s'imposait : "la vérité c'est le style", oui la vérité c'est le style.. et du style C. Gallay en a. Ceux qui aiment les histoires en trouveront une, mêlant secret de famille et vie d'un village, douleurs humaines. Les déferlantes c'est le nom qu'on donne aux vagues qui s'abattent du côté de Cherbourg. C'est quand même un livre où l'on voit un mort ressuciter et je n'en dirai pas plus.
L'histoire magnifiquement construite - un auteur qui donne du temps aux sentiments de naître et de se développer - a quelque chose des histoires de Pagnol. Le décor change et rien n'est plus pareil. Enfin un livre qui ne confond pas sentiments forts et hystérie. un livre qui sait être doux et dur. Un livre qui chante la beauté du monde et sa cruauté, l'un allant avec l'autre.
Dans les déferlantes, un sculpteur s'enferme dans son atelier pour représenter des figures de la douleur humaine, les subsumant. Claudie Gallay est incontestablement sa soeur : c'est une alchimiste qui transforme la pâte noire de nos peines les plus violentes, les séparations définitives qui nous arrachent un bout de nous en ode à l'amour toujours possible...
Et si vous voulez comprendre ce que je veux dire quand j'écris "la vérité c'est le style", ne me demandez-pas, lisez-le !
vendredi 22 août 2008
Exercice d'admiration
"Sans liberté de blâmer, il n'est d'éloge flatteur", prétendait Beaumarchais. J'aime inverser la proposition : sans capacité à aimer, l'esprit critique devient ricanement vain
Ce blog critique beaucoup... et il est plus que temps de faire part une des choses les plus difficiles : dire qu'on aime.
Durant l'été, France Culture a eu la bonne idée de confier sa matinale à une très bonne équipe entrainée par Xavier de la Porte. Ce garçon a un vrai talent. Il peut interviewer aussi bien une sage-femme au sortir d'une salle d'accouchement qu'un professeur au collège de France.
Chaque matin, un peu après 7 heures 15, il interviewait une personne qui travaillait la nuit, quelqu'un pour qui la journée se terminait... Son humulité et sa curiosité étaient un régal...
Je me souviens d'une passionnante émission sur le CIO, alors que je ne m'intéresse pas du tout au sport. C'est agréable d'entendre quelqu'un qui sait rendre accessible au plus grand nombre des choses complexes sans jamais tomber dans une vulgarisation qui trop souvent abaisse.. ou dans un discours élitiste qui confine à l'entre soi...
Et que dire de la revue de presse d'Eric Glover (l'orthographe est incertaine) à l'ironie mordante ou de l'improbable encyclopédie du cinéma par la bande annonce...de la revue de presse qui a été confiée à de multiples scientifiques (le biologiste qui l'a assurée la première semaine était passionnant)
Pour la dernière émission ce matin, un hommage a été rendu à Pierre André Boutang, à l'égo discret, ai-je crû comprendre, pour qui le journaliste se devait d'être un passeur pour apporter au plus grand nombre les oeuvres des créateurs..
A culture matin, on sentait quelque chose de cet ordre là... tant pis si l'humilité de toute cette équipe doit en pâtir.
Ce blog critique beaucoup... et il est plus que temps de faire part une des choses les plus difficiles : dire qu'on aime.
Durant l'été, France Culture a eu la bonne idée de confier sa matinale à une très bonne équipe entrainée par Xavier de la Porte. Ce garçon a un vrai talent. Il peut interviewer aussi bien une sage-femme au sortir d'une salle d'accouchement qu'un professeur au collège de France.
Chaque matin, un peu après 7 heures 15, il interviewait une personne qui travaillait la nuit, quelqu'un pour qui la journée se terminait... Son humulité et sa curiosité étaient un régal...
Je me souviens d'une passionnante émission sur le CIO, alors que je ne m'intéresse pas du tout au sport. C'est agréable d'entendre quelqu'un qui sait rendre accessible au plus grand nombre des choses complexes sans jamais tomber dans une vulgarisation qui trop souvent abaisse.. ou dans un discours élitiste qui confine à l'entre soi...
Et que dire de la revue de presse d'Eric Glover (l'orthographe est incertaine) à l'ironie mordante ou de l'improbable encyclopédie du cinéma par la bande annonce...de la revue de presse qui a été confiée à de multiples scientifiques (le biologiste qui l'a assurée la première semaine était passionnant)
Pour la dernière émission ce matin, un hommage a été rendu à Pierre André Boutang, à l'égo discret, ai-je crû comprendre, pour qui le journaliste se devait d'être un passeur pour apporter au plus grand nombre les oeuvres des créateurs..
A culture matin, on sentait quelque chose de cet ordre là... tant pis si l'humilité de toute cette équipe doit en pâtir.
jeudi 21 août 2008
l'ennemi du journaliste
c'est le préjugé. A ce sujet une anecdote. J'ai été améné à interviewer deux personnes qui faisaient en gros la même chose. L'un diplômé d'Hec, l'autre self made man chaleureux..
Etant un être humain, j'ai eu moi aussi ma formation, plus proche d'Hec que de l'autre homme. Conclusion : le premier spontanément me semblait plus sérieux que le second. pourquoi ? parce qu'il parlait le même langage que moi. dieu merci, je fais du vélo, et quand je pédale, je réfléchis.... c'est ainsi que j'ai réalisé que j'avais été victime d'un horrible préjugé, d'une forme de connivence inconsciente...
Etant un être humain, j'ai eu moi aussi ma formation, plus proche d'Hec que de l'autre homme. Conclusion : le premier spontanément me semblait plus sérieux que le second. pourquoi ? parce qu'il parlait le même langage que moi. dieu merci, je fais du vélo, et quand je pédale, je réfléchis.... c'est ainsi que j'ai réalisé que j'avais été victime d'un horrible préjugé, d'une forme de connivence inconsciente...
vendredi 13 juin 2008
Passons en cuisine
On vient de me demander de réaliser un papier de macro économie sur un sujet assez austère.
Mon métier, c'est alors de trouver des sources statistiques, ce qui est assez simple. comme c'est pour un magazine, il ne faut pas trop rebuter le lecteur. Comme ça parlait d'échanges extérieurs, c'est typiquement le genre de papier qui commence par raconter une histoire du type "madame machin en vacances à l'autre bout du monde a été très étonnée de voir ses enseignes préférées au coin de la rue. encore un peu et elle se serait crû chez elle". c'est une technique assez basique on crée de la fausse complicité. comme diraient les publicitaires, il faut faire de l'impliquant pour le lecteur.
mais je digresse, je digresse, ce n'est pas de cela que je voulais vous parler mais du choix des experts. En relisant mon article avant de l'envoyer j'ai réalisé que j'avais interviewé deux habitués des médias (et un troisième qui ne l'est pas.. ouf l'honneur est sauf)
Serai je victime du conformisme ? Sûrement, comme tout le monde. Si on interroge des gens connus, c'est d'abord parce que c'est un moyen de se faire bien voir par son rédacteur en chef. Vous n'imaginez pas si vous lui dites "super j'ai une interview de françois fillon" il sera toujours content -enfin là c'est pas sûr, mais vous avez compris l'idée. A l'inverse si vous revenez avec "j'ai l'interview du conseiller général d'un département rural, peu probable qu'il s'enflamme pareillement. et tant pis si le conseiller régional dit des choses mille fois plus intéressantes. il faut du connu..
Autre avantage de la personnalité médiatique : elle connaît par définition les médias. Une amie - qui travaille dans un tout autre domaine - me racontait qu'une star de son secteur recevait les journalistes en disant "alors vous travaillez pour qui ? presse écrite ? radio ? c'est pour une interview ? un article ? ". en fonction des réponses il fournissait un entretien clés en main pour le journaliste. Celui-ci, souvent pressé, pas toujours très bien payé, et cherchant donc le meilleur rapport effort récompense, va de préférence vers ce type d'interviewés. Vous n'imaginez pas ce que c'est d'interviewer une personne non familière des médias. ça peut tourner au cauchermar, surtout quand vous tombez sur un paranoïaque qui veut tout relire vingt trois fois et vous menace d'un procès aux assises - le parano dit souvent n'importe quoi- pour une virgule mal placée dans une citation entre guillemets.. sans parler de nos amis universitaires pour qui le jounaliste est le chainon manquant entre le singe et la poule et qui pour répondre à une question simple vous renvoie aux origines de la pensée grecque. dans ces cas là un sourire vient toujours à mon visage. je me souviens de mes années de doctorat, de mon départ irraisonné de l'université, et je me dis que la vie est drôle car il s'en est fallu de peu que je sois à sa place..
tu aurais pû comme dirait jean grégor.
Mon métier, c'est alors de trouver des sources statistiques, ce qui est assez simple. comme c'est pour un magazine, il ne faut pas trop rebuter le lecteur. Comme ça parlait d'échanges extérieurs, c'est typiquement le genre de papier qui commence par raconter une histoire du type "madame machin en vacances à l'autre bout du monde a été très étonnée de voir ses enseignes préférées au coin de la rue. encore un peu et elle se serait crû chez elle". c'est une technique assez basique on crée de la fausse complicité. comme diraient les publicitaires, il faut faire de l'impliquant pour le lecteur.
mais je digresse, je digresse, ce n'est pas de cela que je voulais vous parler mais du choix des experts. En relisant mon article avant de l'envoyer j'ai réalisé que j'avais interviewé deux habitués des médias (et un troisième qui ne l'est pas.. ouf l'honneur est sauf)
Serai je victime du conformisme ? Sûrement, comme tout le monde. Si on interroge des gens connus, c'est d'abord parce que c'est un moyen de se faire bien voir par son rédacteur en chef. Vous n'imaginez pas si vous lui dites "super j'ai une interview de françois fillon" il sera toujours content -enfin là c'est pas sûr, mais vous avez compris l'idée. A l'inverse si vous revenez avec "j'ai l'interview du conseiller général d'un département rural, peu probable qu'il s'enflamme pareillement. et tant pis si le conseiller régional dit des choses mille fois plus intéressantes. il faut du connu..
Autre avantage de la personnalité médiatique : elle connaît par définition les médias. Une amie - qui travaille dans un tout autre domaine - me racontait qu'une star de son secteur recevait les journalistes en disant "alors vous travaillez pour qui ? presse écrite ? radio ? c'est pour une interview ? un article ? ". en fonction des réponses il fournissait un entretien clés en main pour le journaliste. Celui-ci, souvent pressé, pas toujours très bien payé, et cherchant donc le meilleur rapport effort récompense, va de préférence vers ce type d'interviewés. Vous n'imaginez pas ce que c'est d'interviewer une personne non familière des médias. ça peut tourner au cauchermar, surtout quand vous tombez sur un paranoïaque qui veut tout relire vingt trois fois et vous menace d'un procès aux assises - le parano dit souvent n'importe quoi- pour une virgule mal placée dans une citation entre guillemets.. sans parler de nos amis universitaires pour qui le jounaliste est le chainon manquant entre le singe et la poule et qui pour répondre à une question simple vous renvoie aux origines de la pensée grecque. dans ces cas là un sourire vient toujours à mon visage. je me souviens de mes années de doctorat, de mon départ irraisonné de l'université, et je me dis que la vie est drôle car il s'en est fallu de peu que je sois à sa place..
tu aurais pû comme dirait jean grégor.
samedi 7 juin 2008
Bizarre vous avez dit bizarre
Toujours dans l'introspection sur le métier d'intervieweur. Cette semaine, je suis allé en province (pardon en Région) pour rencontrer un chef d'entreprise. Dans le cas présent, j'étais pris en charge dès mon arrivée à la gare par la directrice du marketing. visite d'un magasin de la société, discours maison asséné sur tous les tons. Le tout avec sympathie mais aussi fermeté.
Puis, re voiture. Direction : le siège social de la société. là encore visite encadrée.. mais avant on m'invite à prendre un café, et, surtout, à poser mon sac dans le bureau du pdg à interviewer.
Dans ces cas là, le bureau est toujours un indicateur de la personnalité. J'ai une phobie du maniaque du rangement. j'aime les bordéliques, ils me font moins peur, que les types (trop) rangés. C'est sûrement un souvenir de mon passé : un boss qui n'avait jamais rien qui trainait sur son bureau. le côté extérieur propre, aucune aspérité.. quand on le connaissait c'était un peu moins nickel : harcèlement soft, pressions en tous genres, colère sur le personnel et j'en passe.
donc pour moi bureau vide = courage fuyons
... sauf que quand on est payé pour interroger le mec, il faut le faire coûte que coûte. donc là ça donne : "courage mon gars, c'est un mauvais quart d'heure à passer" et de me demander déjà pourquoi mais pourquoi ai je accepté de déjeuner avec.. j'imagine le pire.
arrive l'heure de l'interview. le type est charmant, sympathique et ouvert..
pendant le déjeuner ça se confirme. bizarre, vous avez dit bizarre.
il faudra attendre le retour à son bureau, pour connaître le fin de mot de l'histoire. en prévision de ma venue, le brave homme avait tout rangé de peur que je juge mal ce qu'il a appelé "son bazar"...
et voilà comment on peut se faire une fausse image.
le préjugé est le pire ennemi du journaliste. en voici une preuve de plus.
un bureau bien rangé n'appartient pas forcément à un pervers narcissique, dissimulateur et manipulateur.
je m'en souviendrai...
Puis, re voiture. Direction : le siège social de la société. là encore visite encadrée.. mais avant on m'invite à prendre un café, et, surtout, à poser mon sac dans le bureau du pdg à interviewer.
Dans ces cas là, le bureau est toujours un indicateur de la personnalité. J'ai une phobie du maniaque du rangement. j'aime les bordéliques, ils me font moins peur, que les types (trop) rangés. C'est sûrement un souvenir de mon passé : un boss qui n'avait jamais rien qui trainait sur son bureau. le côté extérieur propre, aucune aspérité.. quand on le connaissait c'était un peu moins nickel : harcèlement soft, pressions en tous genres, colère sur le personnel et j'en passe.
donc pour moi bureau vide = courage fuyons
... sauf que quand on est payé pour interroger le mec, il faut le faire coûte que coûte. donc là ça donne : "courage mon gars, c'est un mauvais quart d'heure à passer" et de me demander déjà pourquoi mais pourquoi ai je accepté de déjeuner avec.. j'imagine le pire.
arrive l'heure de l'interview. le type est charmant, sympathique et ouvert..
pendant le déjeuner ça se confirme. bizarre, vous avez dit bizarre.
il faudra attendre le retour à son bureau, pour connaître le fin de mot de l'histoire. en prévision de ma venue, le brave homme avait tout rangé de peur que je juge mal ce qu'il a appelé "son bazar"...
et voilà comment on peut se faire une fausse image.
le préjugé est le pire ennemi du journaliste. en voici une preuve de plus.
un bureau bien rangé n'appartient pas forcément à un pervers narcissique, dissimulateur et manipulateur.
je m'en souviendrai...
jeudi 22 mai 2008
à propos du titre du blog
pourquoi 2 feuillets et au lit ?
parce que le feuillet est l'unité de base du journaliste. un feuillet 1500 signes soit 30 lignes de 50 caractères espaces compris. Avec le temps, le pigiste compte en feuillet. ça donne des trucs du genre : "p'tain ce mois" il me manque 10 feuillets pour boucler mon budget"..
Variante : "on a réduit ma contribution au magazine Y. Trois feuillets de moins par mois, tout ça parce qu'ils vont passer sur le web pffffffffff, on fait vraiment un métier de chien non ? "
et bien sûr ce qui arrive le moins souvent : "allo... tu sais quoi ? ... oui le mensuel où j'avais un rendez vous, la référence de la mort.. il me propose 15 feuilllets par mois... tu te rends compte 15 feuillets, c'est peinard pour moi"
les jours où j'ai pas envie de travailler, il m'arrive de repousser et repousser, procrastiner dit-on quand on parle la belle langue d'autrefois. Ces jours là, vers 22 heures, plein de honte, voyant le peu de résultat de ma journée, il m'arrive de penser, voyant l'heure avancer, dans un accès de mauvaise conscience : "allez 2feuilllets et au lit"
voilà vous savez tout. Ou presque.
parce que le feuillet est l'unité de base du journaliste. un feuillet 1500 signes soit 30 lignes de 50 caractères espaces compris. Avec le temps, le pigiste compte en feuillet. ça donne des trucs du genre : "p'tain ce mois" il me manque 10 feuillets pour boucler mon budget"..
Variante : "on a réduit ma contribution au magazine Y. Trois feuillets de moins par mois, tout ça parce qu'ils vont passer sur le web pffffffffff, on fait vraiment un métier de chien non ? "
et bien sûr ce qui arrive le moins souvent : "allo... tu sais quoi ? ... oui le mensuel où j'avais un rendez vous, la référence de la mort.. il me propose 15 feuilllets par mois... tu te rends compte 15 feuillets, c'est peinard pour moi"
les jours où j'ai pas envie de travailler, il m'arrive de repousser et repousser, procrastiner dit-on quand on parle la belle langue d'autrefois. Ces jours là, vers 22 heures, plein de honte, voyant le peu de résultat de ma journée, il m'arrive de penser, voyant l'heure avancer, dans un accès de mauvaise conscience : "allez 2feuilllets et au lit"
voilà vous savez tout. Ou presque.
mardi 20 mai 2008
ce que ce blog essaira d'être
Je suis assez excédé d'entendre dire et n'importe quoi sur le métier de journaliste. J'ai eu envie de raconter la vie d'un journaliste de base. Expliquer les contraintes de notre métier, ses grandeurs et ses servitudes. Je ne suis pas grand reporter dans un titre national. Je suis devenu journaliste parce que je suis persuadé que ce métier est le plus du monde. Je le crois toujours malgré les difficultés. mon enthousiasme est intact. ça ne m'empêche pas d'être lucide. En particulier, j'ai envie d'écrire sur le métier de journaliste à l'heure de la grande conversion numérique pour reprendre le titre d'un livre qui a eu quelques succès. Il y a à dire. Let's go
Ce que ce blog ne sera pas
Un blog de plus ? En 2008, tout blogueur qui commence ne peut éviter la question : un blog, pourquoi faire ? D'autant que je suis journaliste et qu'il n'y a pas vraiment de manque pour ce type de blogs.
Ce blog n'est pas un blog officiel. Bien des journalistes aujourd'hui blogguent sur les sites de leurs médias à la demande de leur hiérarchie. c'est ce que j'apppelle le blog qui a la couleur du blog, l'odeur du blog mais pas le reste. L'idée est toujours la même : faire partager les soi-disantes coulisses. En vrai ça sert à faire venir des gens sur le site Internet, un média où les investissements publiciaires croissent plus vite qu'ailleurs. En gros, vous êtes directeur d'un magazine en bonne santé et vous cherchez un relais de croissance, alors vous demandez à vos plumes stars d'écrire un peu pour le site web pour créer du trafic.
Ce blog ne sera pas davantage un de ces ramassis de ragots et autres confidentiels à la petite semaine qu'aiment tant mes confères et malheureusement nos lecteurs. Je déteste les visions complotistes du monde. Une information c'est un fait et un fait ça se prouve. Si on ne peut pas prouver ce qu'on dit, on se tait. J'ai toujours eu une seule règle dans ma vie professionnelle : soit une information est intéressante et elle doit être publiée, soit elle est sans intérêt et on l'oublie. Bien des confidentiels que nous lisons font croire au consommateur de médias qu'il a des informations exclusives. Des ragots de diner en ville manipulés et diffusés par des gens qui ont toujours intérêt à les voir répandus.
Ce blog n'est pas un blog officiel. Bien des journalistes aujourd'hui blogguent sur les sites de leurs médias à la demande de leur hiérarchie. c'est ce que j'apppelle le blog qui a la couleur du blog, l'odeur du blog mais pas le reste. L'idée est toujours la même : faire partager les soi-disantes coulisses. En vrai ça sert à faire venir des gens sur le site Internet, un média où les investissements publiciaires croissent plus vite qu'ailleurs. En gros, vous êtes directeur d'un magazine en bonne santé et vous cherchez un relais de croissance, alors vous demandez à vos plumes stars d'écrire un peu pour le site web pour créer du trafic.
Ce blog ne sera pas davantage un de ces ramassis de ragots et autres confidentiels à la petite semaine qu'aiment tant mes confères et malheureusement nos lecteurs. Je déteste les visions complotistes du monde. Une information c'est un fait et un fait ça se prouve. Si on ne peut pas prouver ce qu'on dit, on se tait. J'ai toujours eu une seule règle dans ma vie professionnelle : soit une information est intéressante et elle doit être publiée, soit elle est sans intérêt et on l'oublie. Bien des confidentiels que nous lisons font croire au consommateur de médias qu'il a des informations exclusives. Des ragots de diner en ville manipulés et diffusés par des gens qui ont toujours intérêt à les voir répandus.
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