Conseillé par un libraire de mon quartier dont je poussai la porte pour la première fois, Feu de camp avait d'autres atouts pour me séduire : je garde un oeil bienveillant pour la littérature allemande contemporaine, l'Allemagne étant quand même le pays européen qui a fait son retour dans l'Histoire ces dernières décennies.
Ce roman là ayant pour toile de fond le Berlin du temps de la séparation de la ville en deux parties avait tout pour me plaire. Il commence très bien, par une scène particulièrement réussie, où une jeune femme Nelly Senff quitte l'est pour l'ouest avec ses deux enfants et un passeur qui joue à être son mari. Au moment de passer, elle est retenue par la police est allemande qui lui fait subir un dernier interrogatoire glaçant. Le lecteur est pris par un suspense. Elle passera la frontière comme l'indique la quatrième de couverture, mais ses ennuis seront loin d'être terminés. A l'époque, en effet, les « transfuges » étaient placés en camp d'observation, l'Ouest craignant l'infiltration d'agents venus de l'Est. Elle y croisera plusieurs personnes dans une ambiance très particulière, où le temps semble en suspension. L'ouest a des allures d'est, les personnes en transit partageant des appartements qui évoquent les appartements communautaires. De même, à la méfiance de la police orientale se substitue une sorte de méfiance de tous pour tous, car qui sait si le voisin n'est pas le traitre.
Le meilleur du roman est dans le mystère de son héroïne qui ne livrera pas son secret, la mort du père de ses enfants. Qui était-il ? Qui est-elle ? Quelles sont ses motivations ? Par moments, le livre évoque la vie des autres, quand un agent nord américain interroge Nelly se retrouve troublé par cette femme étrange, d'autant que son couple se décompose. Le montage parallèle des deux histoires est très réussi. Le reste du temps, le roman m'a semblé se perdre dans ses personnages secondaires et des intrigues elles aussi secondaires. L'auteure, qui est, dit-on journaliste, semble avoir voulu multiplier les personnages pour incarner plusieurs types de personnalités qui pouvaient se trouver dans de tels camps, sans que leur existence ne soit nécessaire au récit. Feu de camp est un bon roman classique qui rappelle une page d'histoire méconnue. On peut être tenté de dire qu'il n'est que ça, mais c'est déjà beaucoup.
samedi 21 janvier 2012
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire