Comme son titre l'indique, ce nouveau roman de JP Dubois s'intérese au cas Paul Sneijder, un enième avatar du personnage duboisienne, une sorte de looser monomaniaque passionné des choses mécaniques, aux passions singulières, profondément inadapté au monde, qui n'aime pas sa famille qui le lui rend bien, enfin entendons-nous qui n'aime pas ses enfants et sa femme, mais qui reste fidèle à ses parents sorte de modèle indépassable.
Le Paul Sneijder en question est un survivant. IL est monté dans un ascenceur avec la fille qu'il a eu d'un premier mariage et avec lequel il a peu communiqué pour des raisons qui tiennent surtout à sa deuxième épouse. Il en sort vivant mais devient XXX (le fameux mot qui n'existe pas pour désigner le parent qui a perdu son enfant, signe dirons certains que cette situation est impossible à dire). A partir de là, il devient passionné par les ascenceurs, qu'il tient pour le fondement de la civilisation, collectionne anecdotes et savoirs encyclopédiques sur la question, s'éloigne de sa fille et de ses deux fils (des jumeaux), et trouve un temps une forme de salut en promenant des chiens dans un parc très chic de Montréal. Sans n'être jamais pesant ou cuistre, ces promenades sont pour le narrateur l'occasion de réflexions sur la part animale qui nous habite tous, même si en tant qu'espèce nous construisons des ascenseurs qui peuvent s'effondrer.. parabole de la catastrophe qui rappelle le lien entre la maîtrise technique du monde et la force de la nature ici incarnée par la loi de la gravitation.
Ceux qui connaissent Jean-Paul Dubois y retrouverons aussi son humour habituel, très anglo saxon (ce n'est pas pour rien que j'ai connu Dubois dans une critique de Paperboy de Pete Dixter), son1 talent pour mener un récit et son grand savoir faire pour monter une scène ou des personnages (la femme adultère qui fait du poulet fermier chaque fois qu'elle voit son amant est un des plaisirs de ce roman qui n'en manque pas).
Seule différence : alors que pendant longtemps, Dubois a poursuivi les dentistes d'une sorte de vindicte. Ici ce sont les avocats fiscalistes (les deux jumeaux qui prennent le relais), quand la fille morte et aimée est dentiste.
Roman du temps qui passe, du regret, jamais acide ni complaisant, le cas Sneijder est salutaire dans une époque où « faire son dueil » est devenue une sorte de mantra. C'est le récit d'un deuil impossible, sans que rien ne soit tragique. Dubois est toujours très juste. "Vivre ensemble. c'était déjà impossible de coexister avec sa propre famille. la vie était un sport individuel. On pouvait mourir ensemble dans un ascenseur. Pas y vivre. supporte l'autre était toujours un supplice intime. Surveiller son territoire. Recalculer sans cesse. Pour le reste, les chiens chiaient. Et voilà tout."
Seule réserve : je tiens les accomodements raisonnables, le précéent ouvrage de J.P. Dubois, pour un très très grand roman. Celui là m'a semblé un cran au-dessous (la rumeur prétend qu'il voulait arrêter d'écrire). A le lire, ceux qui le connaissent retrouveront tout ce qui fait le plaisir de Dubois, ceux qui le découvriront, se réjouiront d'avoir un nouvel ami qui leur parle si justement de la vie telle qu'elle ne va pas. Pour ma part, j'ai retrouvé un vieux compagnon de vie, avec ce sentiment que l'on ressent parfois quand on a vécu des moments très forts avec quelqu'un et que le retrouvant quelques années après, la rencontre est un peu moins forte que dans le souvenir. Un problème de riche.. Foncez le lire.
samedi 21 janvier 2012
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