samedi 21 janvier 2012

Monte Schulz Sur l'autre rive du Jourdain Phébus littérature étrangère

Je ne sais plus qui disait que dans l'amour le meilleur est la montée de l'escalier. Dans la lecture, il y a aussi pour moi quelque chose de comparable. Il y a des livres qu'on désire, qu'on se dit qu'on le lira quand celui en cours sera fini, des livres dont on se fait une joie de bientôt s'y plonger. Sur l'autre rive du Jourdain est de ceux-là. Une couverture élégante, une recommandation par un libraire ami avec lequel je ne suis pas souvent d'accord et un éditeur qui m'a souvent passionné, Phébus (mais c'est vrai c'était dans un autre temps, celui de Jean Paul Sicre, incroyable éditeur au nez creux et à la culture toujours juste). Reste une très belle couverture dessinée (j'aurai volontiers loué ici l'illsustrateur, mais je n'ai pas trouvé son nom)
Sur l'autre rive du Jourdain commence très bien. Soit la rencontre d'Alvin, un brave gars du Middle West qui n'a rien vu du monde et de Chester Burke un gangster psychopathe à la gachette facile. Le second va prendre le premier sous son aile et l'entraîner à sa suite. Alvin, tuberculeux au bord de la rechute, rencontre bientôt un troisième personnage : Rascal, un nain déshérité et savant, à la vie bien remplie si on en croît ses perpétuelles logorées, peuplées d'anecdotes évoquant une vie aux côtés des grands de l'époque...
A eux trois, ils traversent les Etats, montant des coups, semant « la terreur dans toute la région ». La quatrième de couverture évoque non sans raison le cinéma des frères Coen, pour le côté parodique et livre d'époque. On a vraiment l'impression d'être dans une machine à remonter le temps. Schulz a un talent certain pour raconter une scène, décrire une ville. Le récit est rondement mené, Alvin prenant peu à peu conscience de la galère dans laquelle il s'est embarqué. Régulièrement, confronté à des dilemmes, il convoque son expérience assez pauvre, qui se résume assez souvent à ce que disait la tante Truc et le cousin machin.
Pourtant, ce roman ne m'a complètement captivé. La faute à la seconde partie qui se déroule dans le milieu du cirque, un univers qui est loin de me passionner. A la suite d'un mauvais coup, les trois personnages filent à la recherche d'un cirque et se retrouvent dans une ville perdue des Etats Unis, quelques semaines avant le krach de 1929. S'en suivent descriptions sans fin d'un spectacle, complots et autres péripéties qui ne m'ont pas laissé un grand souvenir. Ajoutez à cela une certaine lourdeur de l'auteur, qui toutes les dix pages rappelle que le personnage d'Alvin est un malade en phase de rechute qui tousse et crache (mais étonnament personne ne se rend compte autour de lui, car il cherche à le cacher) qui a fini de me gâcher le plaisir immense de la première partie. Sachant que l'auteur a une trilogie en projet et que ce roman en est la première partie. Faisons le voeu que les deux prochains tomes quitteront le sinistre cirque et retrouvera la veine de la première moitié de ce roman, une partie très réussie et qui a les talents de ces turning pages roman, comme disent les Américains (les romans qu'on ne lâche pas). Nul doute qu'un lecteur moins allergique au cirque que moi passera un excellent moment du début à la fin.

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