samedi 21 janvier 2012

Mario Tobino Trois amis Plon feux croisés

De Mario Tobino je ne savais rien. L'éditeur nous apprend qu'il est né en 1910, mort en 1991, très populaire en Italie, son pays natal (en même temps le jour où un éditeur prétendra publier le livre d'un obscur romancier sur une quatrième de couverture... ) pour son oeuvre « d'inspiration largement autobiographique ».
Comme son titre l'indique, trois amis raconte les liens entre Turri, Campi et Ottaviani. Le narrateur est le seul rescapé de ce trio constitué à l'Université. Les trois jeunes hommes sont alors étudiants en médecine, animé par un idéal de fraternité qu'ils pensent trouver dans le communisme.
S'en suit une évocation de la vie sous le facisme, mais surtout une histoire des uns et des autres pendant la seconde guerre mondiale, vu d'Italie, une histoire que je connaissai finalement peu. L'un des trois mourra torturé ce qui donne l'occasion d'une belle évocation sur l'attitude des paysans du coin qui sortiront leur plus beaux habits pour honorer les morts. Puis la guerre se terminant, Turri deviendra député communiste et dès le début des années 50 quittera le puissant PCI, plus inquiet de défendre les intérêts de l'URSS que ceux des humbles.
« Je n'écris pas un roman, j'écris ce qui presse en moi, une anticipation avant ce qui est dû » explique le narrateur qui prétend écrire au fil de ses souvenirs comme ils lui viennent. Une déclaration d'intention qui ne marche pas vraiment et qui plombe un peu le livre par des redites parfois pénibles.
De plus, s'il s'agît de vrais souvenirs juste transposés, j'aurai nettement préféré un roman autobiographique qui s'assume pleinement. Cela aurait été plus intéressant. Car les deux amis du narrateur, qui reste plutôt discret sur ses faits et gestes notamment pendant la guerre, sont des héros trop purs pour arriver à exister par les mots. La vision est trop idéalisée entre le courageux Campi qui résistera jusqu'au dernier souffle et le chef adoré de ces hommes qu'est Turri, dont le seul défaut en gros est de ne pas être un tribun – ce qu'on appelle un beau parleur. Autrement dit, ce roman a un côté hagiographique qui rend les personnages peu crédibles, alors qu'ils sont inscrits dans l'histoire.
Reste un témoignage sur l'histoire italienne loin d'être inintéressant et des à côtés que j'ai aimé : la vie matérielle d'un jeune médecin psychiatre dans l'Italie des années 30 à 50, les concours, le monde hospitalier.

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